Par Élise Thierry
Photos : Josée Sarrazin et Bernard Dubois
Façade de la Maison mère avec le monument de l’Alhambra à droite.
Photographie Bernard Dubois, 2007.
Devant la Maison mère de la Congrégation de Notre-Dame se trouve une stèle de pierre grise dédiée à la mémoire de Marguerite Bourgeoys. Elle a été élevée par les dirigeants de l'Ordre de l'Alhambra réunis en Congrès à Montréal. L’Ordre de l’Alhambra est une organisation fraternelle catholique d’hommes et de femmes fondée le 29 février 1904 à Brooklyn, New York par William Harper Bennett. Ses membres sont engagés dans de nombreuses œuvres caritatives. Depuis sa fondation, un des centres d’intérêt principaux de l’Ordre a été de trouver, de documenter, d’immortaliser des personnes, places et événements ayant eu une importance significative dans l’histoire du catholicisme nord-américain. Plus de 160 plaques de bronze ont été placées à travers les États-Unis et le Canada.
La stèle a été installée d’abord à la 6e Maison mère, l’actuel Collège Dawson. Elle a ensuite déménagé au gré du déplacement des Maisons mères. On la retrouve donc à l’ancien l’Institut pédagogique, maintenant le Collège Marianopolis, à partir de 1985, puis finalement en 2005 à son emplacement actuel, la 8e Maison mère située au 2330, Sherbrooke ouest.
La stèle a été dévoilée le 23 août 1951 par le Commandant Norman O'Brien et bénite par Son Excellence Monseigneur H.S. Carriga, évêque de Corpus Christi, Texas, et Aumônier suprême de l’Ordre de l’Alhambra.
Le jour de l’inauguration, la Révérende Mère déposa au pied de la stèle une magnifique couronne de marguerites et de lys, après que le Commandant O'Brien eut présenté au nom de l'Alhambra une immense couronne aux mille fleurs.
On trouve toujours aujourd’hui des fleurs plantées au pied de la stèle.
Monument de l'Alhambra [agrandir]
En haut de la stèle, on peut voir les armoiries de la Congrégation de Notre-Dame qui se lisent ainsi :
Écu circulaire d’azur, à une bordure du même, portant le nom de l’Institut
« Congrégation de Notre-Dame »,
au monogramme de la Vierge, accompagné en chef d’un arc ou couronne antique,
et en pointe du Cœur de Jésus, le tout d’or.
Haut de la stèle avec les armoiries de la Congrégation de Notre-Dame
La forme circulaire, la bordure du cercle, le titre, le « Maria », et les pièces qui chargent l’écu caractérisent l’ancien cachet qu’utilisaient les premières Mères. On ne trouve pas ici le croissant et l’étoile qui sont habituellement sur les armoiries de la Congrégation.
Le monogramme AM signifie Auspice Maria, c’est-à-dire « sous la protection de Marie ». Des marguerites, finement ciselées dans la pierre, entourent l’écu, en allusion au nom de Marguerite Bourgeoys. Enfin, on peut lire la devise Magnificat anima mea dominum, composée des premiers mots du Magnificat, la prière de louange et d'action de grâce que la Sainte Vierge a dite au moment de la Visitation. Elle signifie « Mon âme exalte le Seigneur ».
On trouve ensuite cette dédicace :
À la mémoire de
Marguerite Bourgeoys
1620-1700
Fondatrice de la
Congrégation de Notre-Dame.
Première institutrice
de Ville-Marie.
Pionnière des
œuvres sociales.
Mère de la colonie.
Pour finir, l’auteur de la stèle, c’est-à-dire l’ordre de l’Alhambra et son logo (dans lequel la tour symbolise la forteresse de l’Alhambra) sont mentionnés ainsi que la date à laquelle le monument a été érigé.
Auteur de la stèle
La sculpture est l’œuvre de l’atelier Joseph Brunet. Cet atelier de monuments funéraires était situé en face de l’entrée principale du cimetière Notre-Dame-des-Neiges à Montréal. Un des principaux bâtisseurs du patrimoine funéraire du cimetière Notre-Dame-des-Neiges, Joseph Brunet a été le contractant de différents monuments publics : monuments Maisonneuve, Chénier, Macdonald, George-Étienne-Cartier et La fermière (marché Maisonneuve). Dans cette entreprise familiale qui connut une grande prospérité, travaillaient aussi Rémi Brunet, le frère de Joseph et Joseph-Émile, le fils de Rémi. Joseph-Émile est l’auteur d’une grande partie du bestiaire sculpté du parlement d’Ottawa auquel il a travaillé en 1916. Il a également réalisé les quatre statues de la façade du Parlement de Québec, qui seront installées au cours des années 1965-1969 parmi lesquelles figurent les bronzes de Marie Guyart dite de l’Incarnation et de Marguerite Bourgeoys.
Annales de la Maison mère, 23 août 1951 (Archives de la Congrégation de Notre-Dame – Montréal : 230.200.055, p. 313-315)
Denys Chouinard, « Hommage à Marguerite Bourgeoys au Parlement de Québec » dans Les archives à l’affiche, 3 janvier 2009 (consulté le 27 mai 2013) : http://archivesaffiche.wordpress.com/2009/01/03/hommage-a-marguerite-bourgeoys-au-parlement-de-quebec/
Serge Coulombe, Émile Brunet : un bâtisseur de patrimoine, Écomusée de l’au-delà, 2006 (consulté le 27 mai 2013) : http://www.ecomuseedelau-dela.net/texteemilebrunet/Publication-Biographie-Brunet-couleur-web-5.pdf